Les révélations sur Stanislas et Oudéa-Castéra montrent que Parcoursup renforce les inégalités
Après les révélations de Mediapart sur la sélection en classe prépa de l’école Stanislas, des professionnels de l’éducation dénoncent le fonctionnement opaque de la plateforme Parcoursup, « machine à faire du tri social ».
Les détracteurs de Parcoursup se sont vu servir un argument de choix sur un plateau. Selon Mediapart, qui révèle les faits, le fils d’Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, aurait bénéficié d’un « contournement » des règles de la plateforme pour entrer en classe préparatoire à Stanislas. Parcoursup était pourtant censé favoriser une meilleure égalité des chances dans l’accès aux études supérieures.
Mais pour les enseignants et syndicats interrogés par Le HuffPost, l’affaire est une preuve de plus que le système d’orientation mis en place par l’ancien ministre Jean-Michel Blanquer est en fait une « machine à faire du tri social ».
« Il y a un discours d’affichage, qui peut paraître acceptable et partagé, mais la réalité est tout autre. Et nous savons depuis le départ que Parcoursup a été conçu comme un outil de tri social », dénonce auprès du HuffPost Éric Nicollet, inspecteur de l’éducation nationale et secrétaire général du SUI-FSU.
« On gère les élèves comme un flux »
Parcoursup a été mis en place en 2018, à un moment où certaines filières universitaires étaient trop engorgées et devaient notamment recourir à des tirages au sort, argument régulièrement avancé par le gouvernement. Mais depuis son lancement, la plateforme est la cible de nombreuses critiques.
« On est passés d’une logique où on adaptait l’offre à la demande – si une année il y avait beaucoup de candidats dans telle ou telle licence, on ouvrait des places –, à une logique où on adapte la demande à l’offre », dénonce Isabelle*, enseignante en BTS derrière le compte Prof En Colère sur X. Le manque de flexibilité et l’absence de places dans certaines filières font que des étudiants n’obtiennent pas leur choix de prédilection et peuvent se retrouver dans un parcours par défaut, loin de chez eux, voire carrément sans option. « On gère les élèves comme un flux. Et de fait, toutes les formations sont devenues sélectives », complète l’enseignante.