Shein détruit la filière textile française sans créer un seul emploi

Trois questions au député Les Républicains (LR) de la Loire Antoine Vermorel-Marques, qui a déposé mardi 13 février une proposition de loi pour « démoder la fast fashion » grâce à un système de bonus-malus.

4 000 tonnes. Chaque jour. Voilà la quantité de déchets, majoritairement textiles, que reçoit la décharge de Dandora, aux portes de Nairobi, au Kenya. En cause, selon les ONG Changing Markets Foundation et Climate Chance, une industrie mondiale de la mode de plus en plus polluante, désormais responsable d’un tiers des rejets de micro-plastiques dans l’océan et de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

C’est pour freiner la croissance de ce modèle du « tout jetable », incarné notamment par le géant chinois Shein et son prix moyen estimé à 7 euros par article, qu’Antoine Vermorel-Marques mène la charge. Le jeune député Les Républicains (LR) de la Loire a déposé ce mardi 13 février une proposition de loi intitulée « Démoder la fast fashion avec un système de bonus-malus ».

Concrètement, le texte prévoit notamment le ciblage des acteurs les plus néfastes pour l’environnement à raison d’une pénalité de 5 euros sur tous les produits estampillés fast fashion, censée compenser en retour les marques plus responsables, comme celles de l’industrie textile française. La proposition de loi doit être débattue ce printemps dans l’hémicycle. En attendant, le jeune trentenaire, figure de l’aile « écologiste » du parti de droite, a accepté de répondre à nos questions.

Usbek & Rica : Vous êtes né et avez été élu à Roanne, commune de la Loire porteuse d’une riche histoire textile. Cette proposition de loi est-elle avant tout personnelle, pour vous ?

À Roanne et dans tout le bassin lyonnais, on était les rois du textile dans les années 1970. Aujourd’hui, il n’y a pas une seule famille de ma conscription qui n’a pas vu un de ses membres licenciés dans les années 1980–1990, à cause des politiques de délocalisations en Chine. Le sujet est donc sensible. Heureusement, depuis quelques années, les choses bougent. On a aujourd’hui un taux de chômage inférieur à la moyenne nationale et régionale, notamment grâce à une forme de réindustrialisation. Le secteur local du textile va mieux car beaucoup d’industriels se remontent les manches chaque jour pour faire du « made in France ». Le problème est qu’ils se voient concurrencés par l’ultra-fast fashion.

En tant que plus jeune député de droite, je suis né comme beaucoup avec cette conscience du changement climatique, et cette nécessité de trouver des solutions. Je suis aussi fils d’agriculteur, j’ai eu en quelque sorte les pieds et les mains dans la terre pendant mon enfance, ce qui fait que j’ai une forme de respect, de sensibilité, par rapport au monde qui nous entoure. Pour autant, je suis quand même un homme de droite. Ça peut paraître contradictoire aux yeux de certains, mais ça ne l’est pas. Quand on regarde dans le rétroviseur, on s’aperçoit que le principe de pollueur-payeur, c’est De Gaulle ; l’instauration de l’écologie dans les politiques publiques, c’est Pompidou ; la Charte de l’environnement, c’est Chirac ! Bref, la droite apporte des choses qui restent, même si cela fait malheureusement longtemps qu’on n’est plus au pouvoir. Ce qui compte aujourd’hui, c’est qu’on arrive à construire aussi des propositions nationales ambitieuses comme celle-ci.

 

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