Pour que les élèves du monde entier soient scolarisés, nous avons besoin de statistiques

 

 

Les chiffres ne servent pas qu’à compter; ils permettent aussi d’établir des normes qui cadrent les attentes à l’égard des responsables politiques. | Z via Unsplash

Quel est le rapport entre les statistiques et le fait que les enfants ne vont pas à l’école? En fait, les deux sont très liés. En effet, sans données chiffrées, nous ne pourrions pas appréhender la situation de départ et, par conséquent, nous serions bien incapables d’établir des objectifs en matière d’éducation. L’incitation à atteindre ces objectifs, ou ces points de référence, disparaîtrait; les projecteurs, braqués aussi bien sur ceux qui font des efforts que sur ceux qui n’en font pas, s’éteindraient pour de bon.

Je passe toutes mes journées à travailler sur des données chiffrées. En tant que directrice de l’Institut de statistique de l’Unesco, mon rôle consiste à apporter un appui aux spécialistes des statistiques qui, au sein des gouvernements, déploient des efforts considérables pour évaluer la qualité de leurs systèmes éducatifs en se fondant sur des données. Ils comptent les effectifs scolarisés ou non, ceux qui suivent un enseignement ou non, le nombre de garçons ou de filles, et la présence ou l’absence d’enseignant qualifié, entre autres. De manière générale, l’attention portée chaque année aux écoles qui obtiennent de meilleurs résultats que les autres montre bien que les statistiques nous intéressent; à l’échelle mondiale, l’attention portée aux pays qui obtiennent les meilleurs résultats est d’autant plus forte.

Mais il arrive que les décomptes connaissent des ratés. Il est inacceptable que nous ne disposions toujours pas de la moindre donnée chiffrée sur les niveaux d’apprentissage de plus d’un demi-milliard d’enfants dans le monde aujourd’hui. Quarante pays ne communiquent aucune information sur le nombre de leurs enseignants qui sont qualifiés.

Ces lacunes ont des incidences politiques. À terme, ce sont les responsables politiques qui doivent expliquer pourquoi les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous chez le médecin augmentent, pourquoi les forêts reculent et pourquoi le taux de chômage des jeunes croît. Pour ce qui est de l’éducation, tant qu’on ne sait pas si les enfants reçoivent une éducation, on peut aisément remettre à plus tard toute tentative d’améliorer les choses.

La problématique qui mobilise le plus l’attention des statisticiens aujourd’hui est de savoir comment remédier au fait que la moitié des pays ne communiquent pas sur les niveaux d’apprentissage des enfants dans leurs écoles.

C’est l’urgence qu’il y a à résoudre ce problème et à traiter d’autres questions liées aux données qui nous a poussés à organiser la toute première Conférence sur les données et statistiques de l’éducation, qui se tiendra du 7 au 9 février à Paris. L’Organisation internationale du travail a célébré le 100e anniversaire de sa Conférence internationale des statisticiens du travail en 2023. Il est plus que temps d’accorder la même importance aux données dans le domaine de l’éducation.

La problématique qui mobilise le plus l’attention des statisticiens aujourd’hui est de savoir comment remédier au fait que la moitié des pays ne communiquent pas sur les niveaux d’apprentissage des enfants dans leurs écoles. Notre conférence proposera une solution à cette lacune. Il s’agit d’un nouvel outil, qui a déjà été mis en place dans sept pays d’Afrique et d’Asie pour la fin du cycle primaire et dans quatre pays d’Afrique pour le premier cycle primaire; il fait également l’objet d’un projet pilote en Inde. Appelé «AMPL» (Évaluation des niveaux minimaux de compétence), c’est un ensemble de vingt questions simples et polyvalentes qui peuvent être intégrées dans le cadre des évaluations nationales ou transnationales déjà en place dans un pays donné. Le potentiel qu’offre ce système, la façon dont les pays peuvent se l’approprier, son efficacité en matière de coûts et de temps, ainsi que sa capacité à contribuer aux décisions politiques en temps opportun, nous paraissent extrêmement prometteurs.

 

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