Venin de crapaud, chute d’une fenêtre… Avant Navalny, toutes ces morts suspectes d’opposants à Poutine

 

L'opposant historique à Vladimir Poutine est mort le 16 février dans la colonie pénitentiaire où il était incarcéré. De nombreux opposants avant lui sont morts dans des conditions suspectes. Ritzau Scanpix

Avocats, journalistes, militants des droits de l’homme, politiques, anciens bras droits de Vladimir Poutine : avant Alexeï Navalny, mort ce 16 février, nombreux sont les ennemis du président russe à avoir trouvé la mort dans des conditions plus que troubles, ou à avoir été assassinés sans que les commanditaires n’aient jamais été démasqués.

Encore une mort pour le moins soudaine qui ne peut que faire penser à un assassinat politique. Et elle concerne une figure de premier plan de l’opposition au régime poutinien. Ce mercredi 16 février, les agences de presse d’État russes ont en effet annoncé la mort de l’opposant historique à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny. Selon les informations officielles, le dissident qui avait déjà été victime d’une tentative d’empoisonnement au Novitchok, un neurotoxique, se serait effondré lors d’une promenade effectuée au sein de la colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme » dans des conditions très difficiles. L’événement n’a rien d’étonnant au vu des très nombreuses morts suspectes d’opposants au président russe, depuis son arrivée au pouvoir en mai 2000.

L’on pourrait ainsi les classer en deux catégories : les assassinats manifestes, mais non résolus, et les morts « accidentelles ». Rien que depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022, une quarantaine d’oligarques russes réfractaires à la politique martiale du Kremlin ont très probablement été éliminés par le Kremlin. Petite liste non exhaustive des morts plus que suspectes des ennemis de Poutine.
Les opposants politiques

En août 2002, Vladimir Golovliov, l’un des membres fondateurs du mouvement libéral d’opposition à Vladimir Poutine, le parti « Russie libérale » est abattu à Moscou alors qu’il promenait son chien. Le député, qui avait d’abord soutenu l’arrivée à la présidence de Poutine, avait rapidement rompu avec le Kremlin pour rejoindre l’opposition. Avant sa mort, le parti de Poutine accusait Golovliov de s’être enrichi de manière illicite lors des privatisations réalisées après l’effondrement de l’Union soviétique.

Moins d’un an plus tard, Sergueï Iouchenkov, l’autre fondateur du parti libéral, est lui aussi abattu de trois balles dans le dos dans les rues de Moscou. Iouchenkov présidait alors la commission parlementaire chargée d’enquêter sur les attentats à la bombe commis en septembre 1999 dans des immeubles d’habitation. Le député soupçonnait les services secrets russes d’avoir orchestré les attentats, alors que le Kremlin les avait imputés à des terroristes tchétchènes. Un argument avancé pour légitimer la deuxième guerre contre la république séparatiste du Caucase, entre 1999 et 2009.

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Boris Nemtsov, principal opposant au régime de Vladimir Poutine, est tué, lui, de quatre balles le soir du 27 février 2015, à Moscou, à deux pas de la place Rouge et du Kremlin. Plusieurs suspects, d’origine tchétchène, ont été condamnés en 2017 à des peines de prison, mais le commanditaire de l’assassinat n’a jamais été démasqué. Avant son assassinat, il préparait un rapport « dans lequel il entendait montrer comment le maître du Kremlin avait préparé la guerre contre l’Ukraine » en 2014, soit la guerre dans le Donbass et l’annexion de la Crimée par la Russie. Favorable à la libéralisation à la chute de l’URSS, Boris Nemtsov avait été nommé vice-Premier ministre en 1997 par le président russe d’alors, Boris Eltsine. Mais ce dernier lui préférant Vladimir Poutine pour lui succéder, Boris Nemtsov basculera dans l’opposition et fondera le parti l’Union des forces de droite.
Les militants des droits de l’homme et avocats

Avocat fiscaliste, SergueïMagnitski a été arrêté en 2008 après avoir dénoncé un scandale de corruption orchestrée, selon lui, par des responsables de la police russe, des juges, et du fisc au détriment de l’État russe. Emprisonné sans procès, Magnitski est mort de manière non élucidée dans une prison de Moscou, en novembre 2009 où il était détenu dans des conditions indignes, et privé de son traitement contre le cancer du pancréas. Et ce, quelques jours avant la date limite d’un an où il pouvait être détenu sans procès. En 2019, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a lourdement condamné la Russie pour de multiples violations des droits fondamentaux dans le dossier Magnitski.

Le 19 janvier 2009, en plein Moscou, un homme assassine par balles Stanislas Markelov, 34 ans, et Anastasia Babourova, 25 ans dans une rue extrêmement fréquentée du centre de Moscou, alors qu’ils sortaient d’une conférence de presse. Le premier est avocat, spécialisé dans la défense des victimes d’exactions en Tchétchénie. Anastasia Babourova, elle, est une jeune journaliste ukrainienne qui travaillait pour le journal Novaïa Gazeta, interdit depuis. Stanislav Markelov venait de dénoncer la libération anticipée, quelques jours auparavant, d’un colonel de l’armée russe qui avait été condamné à dix ans de prison en 2003 pour avoir violé puis étranglé une jeune Tchétchène de 18 ans. Il était venu dire son intention de contester la libération anticipée du meurtrier.

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