Deauville passe sous pavillon chinois pour les JO 2024
La ville normande sera la principale commune à accueillir les sportifs venus de Chine le mois précédant les JO. Son maire, Philippe Augier, nous dévoile les détails de l’entreprise.
Paris Match. Votre ville a été choisie pour accueillir le centre d’entraînement de la délégation chinoise avant les Jeux. Qu’implique une telle désignation ?
Philippe Augier. Deauville devient le centre d’entraînement d’une bonne partie de la délégation chinoise, soit plus de 200 athlètes et au moins autant d’encadrants – entraîneurs, masseurs… – pour une dizaine de disciplines, telles que la natation et l’athlétisme. Cela grâce aux critères que nous remplissons en matière d’équipements. Nous avons une piscine olympique, un pôle omnisport où sont accueillies tous les pratiques de salle, comme le tennis de table, un palais des congrès et un pôle international du cheval.
Le ministère des Sports chinois a signé le contrat, nous attendons dorénavant la signature du contrat en France. Les conditions d’accueil ont été discutées avec une agence représentant le ministère chinois des Sports depuis début 2022. À l’automne de cette même année, nous étions également contactés par la Fédération chinoise de Taekwondo, laquelle disait vouloir que son équipe nationale – 60 à 70 personnes, encadrants compris – s’installe chez nous durant deux mois. Nous nous trouvions en fin de pandémie et les athlètes participaient, à deux mois d’intervalle, à deux tournois internationaux en Europe. Ils ne voulaient pas prendre le risque de rentrer en Chine et de ne pas en repartir. Nous les avons donc accueillis.
Combien en coûtera-t-il à la commune ?
Les Chinois payent la totalité des coûts, de la location des lieux aux hôtels où ils seront logés. Cet événement, j’en suis heureux, repose sur les deux piliers éducatifs auxquels je crois : la culture et le sport. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il faut traiter avec les Chinois, que les liens se font au niveau des individus. La culture et le sport sont des valeurs partagées, des éléments de découverte des autres, des facteurs de paix. Par eux, nous finirons par tous nous comprendre, et pas seulement entre Français et Chinois.
Deauville n’est pas encore connue des touristes chinois
De quand datent ces relations entre Deauville et la Chine ?
Ce lien est relativement récent. Très peu de touristes chinois viennent à Deauville, mais cette nouvelle attractivité n’est sans doute pas étrangère à notre proximité avec Paris. En deux ans, nous avons reçu cinq délégations chinoises, ainsi que l’ambassadeur de Chine en France. Hormis les Jeux olympiques, Jean-Pierre Raffarin [ex-Premier ministre de Jacques Chirac] créait, il y a quelques années, un forum annuel franco-chinois où se rencontrent une centaine de personnes de culture chinoise et une centaine d’autres de culture française. Celui-ci se déroule alternativement en Chine et en France.
Lorsque M. Raffarin a découvert les installations culturelles de Deauville, il a jeté son dévolu sur notre ville et le bâtiment des Franciscaines [ensemble de 6 000 mètres carrés abritant un musée, une salle de concert et une médiathèque, entre autres] pour l’accueillir à l’automne prochain. Lesquelles Franciscaines proposeront, par ailleurs, à partir du 2 mars une magnifique exposition de Zao Wou-ki, probablement le peintre chinois le plus universellement connu.
L’année 2024 sera celle du 60e anniversaire de la reconnaissance de la République populaire de Chine par la France. Célébrerez-vous l’événement ?
Il sera fêté, bien sûr. Sans doute le ferons-nous durant le forum culturel, en novembre, plutôt qu’au moment des Jeux. Nous réfléchissons encore à la forme que cela prendra. Je serai très prudent dans le choix et la manière dont seront menées les célébrations de l’installation des relations diplomatiques entre la France et la Chine, en 1964.